Archives Mensuelles: Mai 2012

« WIXIW » de Liars, opiacé pas cher

LiarsMute Records (= EMI Group = Universal Music Group = Vivendi)

Les trois californiens de Liars ont sorti leur sixième album le cinq Juin. Installe-toi confortablement.

Pour faire vite

Liars = rock OVNI avec des morceaux d’electro et de musique concrète dedans – un chanteur super grand qui fait vachement peur – une aura crytique autour de tout ce qu’ils produisent

Pour faire moins vite

Avec cinq albums au compteur, les Liars nous avaient convaincus de leur expertise quasi psychiatrique pour ce qui est de distiller la démence. On se rappelle notamment de « Broken Witch » ou de « Hold Hands And It Will Happen Anyway » pour leurs compositions brutales et cauchemardesques. Après un « Sisterworld » un peu décevant, on doit avouer qu’on a du mal à se remettre de ce tout nouveau « WIXIW ». Grosse claque.

En dévoilant leur bulleux « No. 1 Against The Rush« , Liars nous a d’abord fait un peu peur. Ça sentait le gros virage electro qui laisse tomber les guitares et la violence qui va avec. Et en effet, « WIXIW » est une oeuvre très synthétique, mais les californiens n’ont toutefois rien perdu de leur folie. L’album se dévoile doucement, sans exubérances, et se révèle étonnamment lyrique.

Une intro (« The Exact Colour Of Doubt ») qui donne le ton pour tout l’album: calme, angoisse et spatialisation du son hallucinante. Puis un « Octagon » qui retourne le crâne. On se laisse porter et on monte le volume.                                                                                                                   Par la suite, dans un ensemble très cohérent alternant entre accalmies et morceaux plus rythmés, on remarque un « Brats » franchement dancefloor ou un « Food to Flood » aux sonorités quasi tribales si caractéristiques de Liars.

On hallucine aussi sur la répartition symétrique des morceaux qui met en avant le titre central de l’album, « WIXIW ». Monument porté par des vagues synthétiques instables et un rythme effréné, c’est clairement le point culminant d’une structure pyramidale, avec des titres doux et apaisés à ses extrémités. En cela, le final « Annual Moon Words » fait office de happy end ironique en sortant doucement son auditeur de la léthargie dans laquelle chaque titre l’avait méthodiquement plongé. On n’avait pas été autant secoué depuis longtemps.

L’album est en écoute libre sur The Drone.

 

« No. 1 Against The Rush »:

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« A joyful slog », le docu du DIY « made in Ireland. »

Si t’aimes des groupes comme Adebisi Shank, ASIWYFA ou The Redneck Manifesto, c’est l’occasion d’en prendre plein les mirettes!

Produit par Community Of Independents, « A Joyful Slog » explore l’évolution de la culture DIY irlandaise depuis les vingt dernières années. Un documentaire vachement complet avec plein d’interviews et des vidéos de concerts.

 

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« The Money Store » de Death Grips, ça pique.

tumblr_m7e1ulr6QJ1qjpnsmEpic Records

Le premier album de Death Grips est sorti fin Mai. On se rappelle de leur mixtape « Exmilitary » qui avait pas mal fait parler d’eux.

Pour faire vite

Death Grips = hip hop version junk food – un grand black vachement énervé – un batteur (Zach Hill) à huit bras et autant de jambes – des sons electros sortis du congélateur

Pour faire moins vite

Avec treize titres pied au plancher, c’est une personnalité écrasante qui suinte de « The Money Store », porté par les cris furieux de MC Ride, les nappes synthétiques d’Andy Morin et le batteur hyperactif de Hella.                                                                                                                     Trois gars pas très sympas qui dévoilent une oeuvre stridente, froide et macabre.

Après une intro d’avertissement (« Get Got »), le remarquable « The Fever (Aye Aye) » happe sa proie et ne la relâche pas. Appel au chaos porté par un groove décharné et des synthés quasi-industriels, la mesure est donnée: vous n’en sortirez pas indemnes.                                           Au centre nerveux de l’album, tu trouveras un « Black Jack » fantomatique, un « I’ve Seen Footage » glaçant et un « Double Helix » aux samples hantés. « System Blower » vient gentiment te latter les côtes alors que tu es déjà à terre, et « Punk Weight » te finit à coups de pelle. Tu gémis. Mais ce n’est pas encore fini. C’est en effet avec un happy end complètement fou (« Hacker ») que Death Grips déserre son étreinte et te jette sur le trottoir. Sueurs froides, le nez qui pisse le sang. « The Money Store » est une épreuve.

Etonnant pour un groupe sorti sur le même label que Shakira. D’ailleurs, on salue amicalement le manager d’Epic Records pour sa bourde (comment tu veux vendre un truc pareil?) et on envoie du paracétamol à leur ingé-son.

Bref, par sa noirceur et sa violence, l’oeuvre est assez fascinante. En cela, on ose un rapprochement avec les incantations maléfiques enrobées au crack de Salem. Pas dit qu’on ne s’en lassera pas, mais en tout cas « The Money Store » restera un bon moment dans notre playlist.

 

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