Trois italiens font glisser des guitares sur des rythmiques en lambeaux. Ça s’appelle Three Second Kiss.
Pour faire vite
Three Second Kiss = noise rock pour matheux – 5 albums – mastering signé Bob Weston (= ça déboîte)
Pour faire moins vite
Les habitués de Three Second Kiss risquent de se prendre une claque. Parce que le groupe avait pour habitude de faire du math/noise rock en bonne et due forme, le majeur tendu vers toute tentative mélodique: batterie écartelée, guitares déchirées comme du papier cadeau le jour de Noël.
Là, ça change. Three Second Kiss proposent un math rock à mille lieues des tornades rythmiques et des fractures cérébrales symptomatiques du genre. On écoute Tastyville comme pour panser ses blessures après s’être frité avec Zach Hill ou Electric Electric.
« Tastyville », ça déploie des atmosphères aériennes, avec un batteur en lévitation sur une voix vaporeuse et des guitares imbibées de barbituriques. Le jeu consiste à alterner dissonance pure et passages apaisés ou ballades champêtres. Chaque morceau opère comme une douce léthargie noise rock. Chaque élément est pesé, mesuré, puis agencé avec soin. Parfois, ça éclate. Mais doucement. Juste des petites secousses pour dissiper la torpeur. La stagiaire dit que ça sonne comme un US Maple roulant une galoche à Enablers. Pas conne, la stagiaire.
En fait, « Tastyville » empreinte les chemins tortueux d’un noise rock boisé et apaisé, lesquels regorgent de retournements de situation et de cavalcades rythmiques. « Tastyville », ça dégage une sérénité dissonante et alambiquée, une complexité toute en douceur.