Archives de Catégorie: CHRONIQUES

Sightings – « Terribly Well »

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Dais Records

2019. Le rythme a disparu. La mélodie aussi. Il n’y a plus que la lente respiration mécanique d’un monde-usine rouillé à deux doigts de s’écrouler. Et hop, Sightings t’embarquent illico presto dans les bas-fonds de Blade Runner.

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Sightings = no wave – trio new-yorkais – 9 albums – la fin du monde en version crissante

Pour faire moins vite

Ridley Scott peut aller se faire foutre. Parce que Terribly Well reproduit un monde aliéné avec seulement trois instruments. Parce qu’avec Sightings, tous les êtres humains sont des réplicants. Tels les prédicateurs funestes d’un avenir imminent, le trio distille une pré-apocalypse industrielle infernale, une ville cyberpunk au bout du roulot et entièrement déstructurée. Et le plus beau, c’est que ça fait terriblement envie.

La mécanique mise en oeuvre dans cet album est complètement démente. Terribly Well sonne comme si chaque musicien jouait dans une direction diamétralement opposée à celles des deux autres, comme si le trio s’était mis d’accord pour détruire chaque embryon de structure musicale tangible. Le bassiste donne un rythme erratique, le guitariste fait crisser des arcs électriques aléatoires et le batteur s’arrange pour tout faire planter.                                                             Sightings explorent les voies du minimalisme dissonant, reproduisent des écosystèmes électroniques défaillants en guise d’entractes et synthétisent des fièvres mécaniques. Et puis il y a du tango détraqué, aussi.                                                                                                     Curieusement, c’est dans ce chaos que l’on retrouve les derniers souvenirs d’une discipline rythmique, comme les empreintes fugitives du dictat de la machine-monde. À ce titre, il faut parler de Better Fastened. Parce que c’est le lyrisme d’un défilé militaire qui se barre en syncope. Parce que le morceau raconte la dernière marche d’un simili-être-humain rouillé jusqu’à l’os.

En somme, Terribly Well résonne comme les dernières plaintes d’une humanité à l’agonie entre deux crissements de guitare. Avec Sightings, l’apocalypse n’aura jamais été aussi séduisante.

 

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Ventura – « Ultima Necat »

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Africantape – Vitesse Records

Ventura ont sorti « Ultima Necat » le 25 mars.

Pour faire vite

Ventura = trio suisse – trois albums – « Ventura est un navire de croisière » (Wikipedia)

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Depuis « We Recruit », Ventura ont eu trois ans pour bouffer de la testostérone, triturer leur colère et ruminer leur tristesse. Le constat est évident dès la première écoute : le groupe a gagné plusieurs kilos de masse musculaire et tricote sa fureur avec la laine du désespoir. Ventura est plus rapide, plus lourd, plus puissant.                                                                                                                                « Ultima Necat » impose une plastique incandescente, un bouillonnement de larmes et de fureur où guitare et basse s’entremêlent sur des autoroutes rythmiques. Ça frappe fort et juste, on sent presque les baguettes se tordre de douleur à chaque coup porté sur les fûts. Tout est entrelacé, tout se mélange, les couches de guitares se superposent, se chevauchent, éclatent, s’arrêtent brutalement. Au milieu du magma : une voix. Isolée, fébrile, recroquevillée dans un espace minuscule préservé du bouillonnement infernal.

Il faut parler de « Nothing Else Mattered ». Au moins à titre thérapeutique. Parce que le morceau va se faufiler dans des centaines de cortex préfrontaux. Parce que les propriétaires desdits cerveaux vont galérer à s’en débarrasser.                                                                                                          « Nothing Else Mattered », c’est la puissance, c’est un guépard, c’est la beauté, c’est la terreur. Il faudrait faire un discours pour « Nothing Else Mattered ». Il faudrait remettre une récompense équestre à Ventura, aussi.

Dans le fond, le trio ne fait qu’étayer les contradictions qui l’animent depuis le début : ériger un sombre équilibre entre fureur et mélancolie, isoler une voix fébrile au milieu d’une éruption volcanique, construire le calme à l’intérieur de la tempête.                                                                  Et ça, il le fait de mieux en mieux.

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Micah Gaugh Trio – « The Blue Fairy Mermaid Princess »

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Africantape

Années 90. Trois musiciens essaient tant bien que mal d’empiler des instruments les uns sur les autres. Une structure apparaît, puis tout s’écroule. Ça s’appelle Micah Gaugh Trio.

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Micah Gaugh Trio = jazz dynamité – 14 heures d’enregistrement condensées en 12 morceaux – un goût fort prononcé pour l’improvisation

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Chroniquer Micah Gaugh Trio, c’est sévèrement casse-gueule. Surtout quand on n’y connait rien en jazz. Surtout quand on a une cédéthèque (oui oui) nichée dans une interstice assez serrée, coincée entre Sightings et Enablers. Autant la jouer franc-jeu: on laisse de côté la critique comparée.

Micah Gaugh Trio opère par glissements, par tentatives de construction. À cheval entre bruitisme instrumental et miracles d’improvisation, le trio produit un ensemble bringuebalant tantôt décousu, tantôt rutilant. Les baguettes du batteur se cassent la gueule, une fille du public se met à crier, puis d’un seul coup, tout fait sens. Puis tout s’écroule à nouveau.

Le jeu du trio s’étend de la brève balade mélancolique à l’explosion mélodique, en passant par de longues plaintes de pachyderme et des tourbillons de percussions désarticulées. Les compositions sont douces, pétaradent gentiment et laissent un léger goût de langueur nostalgique. Celle des longues heures passées avachi sur la banquette en cuir d’un bar érigé en quartier général. Le temps se dilate, les discussions s’éternisent.

En fait, « The Blue Fairy Mermaid Princess » tente de capturer la fragilité de l’instant, en permanence sur la brèche entre création fébrile et vautrage total.                                                                           Micah Gaugh Trio, ça déploie une esthétique de l’éphémère.

 

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Three Second Kiss – « Tastyville »

TSK_homecoverAfricantape

Trois italiens font glisser des guitares sur des rythmiques en lambeaux. Ça s’appelle Three Second Kiss.

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Three Second Kiss = noise rock pour matheux – 5 albums – mastering signé Bob Weston (= ça déboîte)

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Les habitués de Three Second Kiss risquent de se prendre une claque. Parce que le groupe avait pour habitude de faire du math/noise rock en bonne et due forme, le majeur tendu vers toute tentative mélodique: batterie écartelée, guitares déchirées comme du papier cadeau le jour de Noël.

Là, ça change. Three Second Kiss proposent un math rock à mille lieues des tornades rythmiques et des fractures cérébrales symptomatiques du genre. On écoute Tastyville comme pour panser ses blessures après s’être frité avec Zach Hill ou Electric Electric.

« Tastyville », ça déploie des atmosphères aériennes, avec un batteur en lévitation sur une voix vaporeuse et des guitares imbibées de barbituriques. Le jeu consiste à alterner dissonance pure et passages apaisés ou ballades champêtres.                                                                                    Chaque morceau opère comme une douce léthargie noise rock. Chaque élément est pesé, mesuré, puis agencé avec soin.                                                                                                                 Parfois, ça éclate. Mais doucement. Juste des petites secousses pour dissiper la torpeur.                La stagiaire dit que ça sonne comme un US Maple roulant une galoche à Enablers. Pas conne, la stagiaire.

En fait, « Tastyville » empreinte les chemins tortueux d’un noise rock boisé et apaisé, lesquels regorgent de retournements de situation et de cavalcades rythmiques.                                     « Tastyville », ça dégage une sérénité dissonante et alambiquée, une complexité toute en douceur.

 

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« Discipline », math-rock in vitro

Electric-Electric-DisciplineHerzfeld – Kythibong – Africantape – Murailles Music

Le dernier Electric Electric est sorti le 3 octobre. Dis adieu à tes enceintes.

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Electric Electric = gros math-rock pour épileptique – 2 albums – trois strasbourgeois – des centaines de crampes cérébrales

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Après un premier album sorti il y a trois ans, Electric Electric nous avaient laissés à moitié morts sur un dancefloor encore fumant. Et pour cause, « Sad Cities Handclappers » crachait 11 titres d’une apocalypse complexe et dansante, en conjugant mélodies répétitives et rythmes chaotiques. Dès lors, le tonnerre instrumental des trois strasbourgeois soufflait des enceintes comme des châteaux de carte.                                                                                            Après avoir sorti un truc pareil, difficile de débouler sans prévenir.

C’est ainsi qu’arrive « Discipline », remorqué par un troupeau de chroniques gentiment stéroïdées (dont celle-ci fait partie) promettant toutes le grand frisson instantané, la paire de claque intergalactique. Critiques justifiées puisque, s’il marque un pas vers la saturation auditive, l’album inspire en tout cas le respect du perfectionniste cocaïnomane.

Grincements métalliques, déstructurations rythmiques, pesanteur écrasante, claviers empruntés aux tontons Battles, l’album concentre les attributs d’un math-rock tropical et parfois éthéré au service d’une transe plus ou moins spontanée. Les rythmes sont endiablés, les voix résonnent d’une torpeur à l’opium, les bruits fusent et laissent de rares respirations dans une atmosphère saturée d’effets.

Avec « Discipline », Electric Electric perd en violence claire pour aller puiser dans des textures denses et synthétiques, appuyées par un batteur omniprésent (deux cerveaux, 8 bras) et des sons électroniques foisonnants. Le tout joué avec une rigueur implacable.                                           En somme, le groupe va creuser son esthétique dans une jungle urbaine moite et épileptique, observée à travers le verre froid des lunettes d’un scientifique. Tel l’artwork de l’album, « Discipline » est un monument glaçant de complexité aux multiples nuances de gris et débordant de crevasses imprévisibles.

S’il y a une chose à déplorer, c’est qu’en affinant considérablement son jeu, Electric Electric ne parvient plus à exploser. Surcharge pondérale. C’est là toute la différence avec « Sad Cities Handclappers ».                                                                                                                       En réalité, « Discipline » synthétise une jungle tropicale dans une grosse éprouvette de laboratoire. Comme une nouvelle vision du math-rock.

 

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Æcstasy – « I’m Gonna Make You Shiver »

a0498832105_10Alors que la scène du rock indé français reproduit ses propres clones congénitaux surgonflés au math et noise rock, Æcstasy propose enfin une alternative à la religion Zach HillShellacBattles (au choix). Ça envoie.

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Æcstasy = rock lubrique, suave et pointu qui fleure bon les Desert Sessions ou Queens Of The Stone Age – quatuor parisien – des histoires de substance illicites, d’absinthe et de premières fois.

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Æcstasy, c’est un dialogue enflammé entre deux guitares, bien calées sur des rythmiques pointues et incisives, le tout dorloté par une basse généreuse et un chant languissant.

Pour ce qui est de la fatidique classification du genre, on pourrait sûrement parler de noise-math-truc-chantilly-rock. Mais non. On dira simplement que Æcstasy, c’est un genre de noise rock électrisé, en plus volatile et moins dissonant. D’autres préféreront le terme « sexperimental rock ». Ça colle aussi.

Avec l’EP « I’m Gonna Make You Shiver » le groupe se taille une esthétique ondulante et électrique portée par des guitares lancinantes et des structures instables. De fait, les compositions sont toujours inventives et regorgent de bonnes surprises capables de te balader d’un bout à l’autre de ton casque, sans pour autant aller se pommer sur les terrains abrupts du math rock. Sur ce point là, on salue le batteur pour sa capacité à aligner des rythmiques binaires puis tout fragmenter en particules incisives version scalpel (« And They Said… I’m Gonna Make You Shiver Like Your First Fever »). C’est très fin.

On retiendra par ailleurs un goût fort prononcé pour les atmosphères moites et fiévreuses, étayé par des distorsions assez bandantes sur les guitares et l’ajout de samples certes discrets, mais ô combien efficaces. En cela, Aecstasy puise clairement dans les textures de chez Lynch pour sa sensualité et ses ruptures narratives.

En somme, c’est joueur, ludique et vachement efficace.

 

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Picore – « Imagìnate Que Acierto »

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Le dernier Picore est sorti en Juin 2011. Un petit bijoux noise 24 carats.

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Picore = noise-rock pointu et flamboyant – quartet espagnol – 4 albums

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Picore est un sublime animal aussi rare qu’indomptable. Né sous le soleil méditerranéen, il préfère se languir à l’ombre de la pinède, loin du tumulte de la ville. Son chant est envoûtant, tortueux et gorgé de soleil. En chasse, le carnivore est un prédateur redoutable. Il fond sur sa proie sans bruit, laquelle n’a aucune issue pour échapper au sort qui lui est réservé.                                                                                                                             Voilà pour l’article version documentaire Arte sur la faune espagnole. Pour ce qui est de la chronique musicale, on dira simplement que Picore, c’est de la bombe.

« Imagìnate Que Acierto », c’est un rock généreux, pointu et alambiqué porté par des guitares lancinantes et des rythmiques agiles de grand prédateur. Oscillant entre incisions noise millimétrées et balades abrasives, l’album te cloue fermement le casque aux oreilles pendant une bonne demi-heure.

Dans l’ensemble, on remarquera le superbe « Prisa Mata Amigo » avec son entrelacement basse-guitare languissant et ses rythmiques bondissantes. Puis viendra la ballade triste « Empuja », animée de sursauts noise fiévreux délivrant des salves aussi mélancoliques qu’enjouées.           Par la suite, on se laissera surprendre par les invectives mélodiques de « La Faena », la guitare brûlante de « Communico », les convulsions rythmiques maîtrisées de « Campeon », la grosse basse fatiguée du final « Milagros ».

En somme, « Imaginate Que Acierto » impressionne par sa finesse et sa généreuse mélancolie.   À écouter jusqu’à plus soif.

 

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ChooChooShoeShoot – « Playland »

ccss_playland_(big)Kythibong – Rejuvenation Records – À Tant Rêver Du Roi

Le dernier ChooChooShoeShoot est sorti fin juin. Prépare l’aspirine, les Nantais font pas dans la dentelle.

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ChooChooShoeShoot = grosse noise pointue qui débarque sans crier gare – 4 Nantais – un groupe dont on n’arrive toujours pas à prononcer le nom.

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Le premier album de ChooChooShoeShoot (« Choose Your Own Romance« ) était discrètement sorti en 2007. Le quatuor crachait alors neuf titres avec des guitares qui déboulent sans prévenir sur des rythmiques assez complexes.

Nouvelle chanteuse, deuxième opus, le groupe confirme sa maîtrise d’une noise technique et violente, et profite de l’occasion pour nous flanquer un gros parpaing dans la gueule.

« Playland », c’est donc deux guitares, tantôt écrasantes, tantôt bondissantes, un batteur à la frappe sèche, et une voix qui vient charpenter l’ensemble. Les compositions sont toujours inventives, et bénéficient d’un enregistrement du tonnerre signé Miguel Constantino (Papaye, Papier Tigre, Room 204).                                                                                                           Tout cela au service d’un noise-rock furieux, sec et sans fioritures. La recette fonctionne très bien.

À peine commencé à jouer, le quatuor attaque immédiatement avec une intro faussement polie (« You’re Welcome ») qui confirme pleinement la métaphore du parpaing, voire même celle du troupeau de bêtes sauvages (type bison/buffle). Tendance au bourrinage tout en finesse martelé dans l’ensemble de l’oeuvre et particulièrement remarquable sur « Groundswitch ».                        Et malgré le piétinement méthodique de leur auditeur, les Nantais se permettent d’agiles envolées toujours prêtes à prendre leur cible de revers, allant aussi puiser dans le genre félin plutôt que bovidé (« Victory For The bag »).                                                                                             Après moult assauts, le troupeau, essoufflé, ralentit petit à petit (« Coming »). Sursaut final, la course est terminée, et l’auditeur, lessivé.

Alors si comme nous, t’en peux plus d’attendre le prochain Bellini, et si comme nous, tu trouves que le dernier Fordamage est un peu mou, « Playland » satisfera sans difficulté tes besoins en noise béton armé.

 

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« WIXIW » de Liars, opiacé pas cher

LiarsMute Records (= EMI Group = Universal Music Group = Vivendi)

Les trois californiens de Liars ont sorti leur sixième album le cinq Juin. Installe-toi confortablement.

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Liars = rock OVNI avec des morceaux d’electro et de musique concrète dedans – un chanteur super grand qui fait vachement peur – une aura crytique autour de tout ce qu’ils produisent

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Avec cinq albums au compteur, les Liars nous avaient convaincus de leur expertise quasi psychiatrique pour ce qui est de distiller la démence. On se rappelle notamment de « Broken Witch » ou de « Hold Hands And It Will Happen Anyway » pour leurs compositions brutales et cauchemardesques. Après un « Sisterworld » un peu décevant, on doit avouer qu’on a du mal à se remettre de ce tout nouveau « WIXIW ». Grosse claque.

En dévoilant leur bulleux « No. 1 Against The Rush« , Liars nous a d’abord fait un peu peur. Ça sentait le gros virage electro qui laisse tomber les guitares et la violence qui va avec. Et en effet, « WIXIW » est une oeuvre très synthétique, mais les californiens n’ont toutefois rien perdu de leur folie. L’album se dévoile doucement, sans exubérances, et se révèle étonnamment lyrique.

Une intro (« The Exact Colour Of Doubt ») qui donne le ton pour tout l’album: calme, angoisse et spatialisation du son hallucinante. Puis un « Octagon » qui retourne le crâne. On se laisse porter et on monte le volume.                                                                                                                   Par la suite, dans un ensemble très cohérent alternant entre accalmies et morceaux plus rythmés, on remarque un « Brats » franchement dancefloor ou un « Food to Flood » aux sonorités quasi tribales si caractéristiques de Liars.

On hallucine aussi sur la répartition symétrique des morceaux qui met en avant le titre central de l’album, « WIXIW ». Monument porté par des vagues synthétiques instables et un rythme effréné, c’est clairement le point culminant d’une structure pyramidale, avec des titres doux et apaisés à ses extrémités. En cela, le final « Annual Moon Words » fait office de happy end ironique en sortant doucement son auditeur de la léthargie dans laquelle chaque titre l’avait méthodiquement plongé. On n’avait pas été autant secoué depuis longtemps.

L’album est en écoute libre sur The Drone.

 

« No. 1 Against The Rush »:

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« The Money Store » de Death Grips, ça pique.

tumblr_m7e1ulr6QJ1qjpnsmEpic Records

Le premier album de Death Grips est sorti fin Mai. On se rappelle de leur mixtape « Exmilitary » qui avait pas mal fait parler d’eux.

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Death Grips = hip hop version junk food – un grand black vachement énervé – un batteur (Zach Hill) à huit bras et autant de jambes – des sons electros sortis du congélateur

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Avec treize titres pied au plancher, c’est une personnalité écrasante qui suinte de « The Money Store », porté par les cris furieux de MC Ride, les nappes synthétiques d’Andy Morin et le batteur hyperactif de Hella.                                                                                                                     Trois gars pas très sympas qui dévoilent une oeuvre stridente, froide et macabre.

Après une intro d’avertissement (« Get Got »), le remarquable « The Fever (Aye Aye) » happe sa proie et ne la relâche pas. Appel au chaos porté par un groove décharné et des synthés quasi-industriels, la mesure est donnée: vous n’en sortirez pas indemnes.                                           Au centre nerveux de l’album, tu trouveras un « Black Jack » fantomatique, un « I’ve Seen Footage » glaçant et un « Double Helix » aux samples hantés. « System Blower » vient gentiment te latter les côtes alors que tu es déjà à terre, et « Punk Weight » te finit à coups de pelle. Tu gémis. Mais ce n’est pas encore fini. C’est en effet avec un happy end complètement fou (« Hacker ») que Death Grips déserre son étreinte et te jette sur le trottoir. Sueurs froides, le nez qui pisse le sang. « The Money Store » est une épreuve.

Etonnant pour un groupe sorti sur le même label que Shakira. D’ailleurs, on salue amicalement le manager d’Epic Records pour sa bourde (comment tu veux vendre un truc pareil?) et on envoie du paracétamol à leur ingé-son.

Bref, par sa noirceur et sa violence, l’oeuvre est assez fascinante. En cela, on ose un rapprochement avec les incantations maléfiques enrobées au crack de Salem. Pas dit qu’on ne s’en lassera pas, mais en tout cas « The Money Store » restera un bon moment dans notre playlist.

 

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