« Discipline », math-rock in vitro

Electric-Electric-DisciplineHerzfeld – Kythibong – Africantape – Murailles Music

Le dernier Electric Electric est sorti le 3 octobre. Dis adieu à tes enceintes.

Pour faire vite

Electric Electric = gros math-rock pour épileptique – 2 albums – trois strasbourgeois – des centaines de crampes cérébrales

Pour faire moins vite

Après un premier album sorti il y a trois ans, Electric Electric nous avaient laissés à moitié morts sur un dancefloor encore fumant. Et pour cause, « Sad Cities Handclappers » crachait 11 titres d’une apocalypse complexe et dansante, en conjugant mélodies répétitives et rythmes chaotiques. Dès lors, le tonnerre instrumental des trois strasbourgeois soufflait des enceintes comme des châteaux de carte.                                                                                            Après avoir sorti un truc pareil, difficile de débouler sans prévenir.

C’est ainsi qu’arrive « Discipline », remorqué par un troupeau de chroniques gentiment stéroïdées (dont celle-ci fait partie) promettant toutes le grand frisson instantané, la paire de claque intergalactique. Critiques justifiées puisque, s’il marque un pas vers la saturation auditive, l’album inspire en tout cas le respect du perfectionniste cocaïnomane.

Grincements métalliques, déstructurations rythmiques, pesanteur écrasante, claviers empruntés aux tontons Battles, l’album concentre les attributs d’un math-rock tropical et parfois éthéré au service d’une transe plus ou moins spontanée. Les rythmes sont endiablés, les voix résonnent d’une torpeur à l’opium, les bruits fusent et laissent de rares respirations dans une atmosphère saturée d’effets.

Avec « Discipline », Electric Electric perd en violence claire pour aller puiser dans des textures denses et synthétiques, appuyées par un batteur omniprésent (deux cerveaux, 8 bras) et des sons électroniques foisonnants. Le tout joué avec une rigueur implacable.                                           En somme, le groupe va creuser son esthétique dans une jungle urbaine moite et épileptique, observée à travers le verre froid des lunettes d’un scientifique. Tel l’artwork de l’album, « Discipline » est un monument glaçant de complexité aux multiples nuances de gris et débordant de crevasses imprévisibles.

S’il y a une chose à déplorer, c’est qu’en affinant considérablement son jeu, Electric Electric ne parvient plus à exploser. Surcharge pondérale. C’est là toute la différence avec « Sad Cities Handclappers ».                                                                                                                       En réalité, « Discipline » synthétise une jungle tropicale dans une grosse éprouvette de laboratoire. Comme une nouvelle vision du math-rock.

 

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